La reproduction et la réinterprétation d’une oeuvre déjà existante

Dans le même registre, consistant en une reproduction d’œuvre déjà existante, il arrive également fréquemment que des amateurs sollicitent Françoise Vernaudon afin qu’elle procède à la version tissée d’une création visuelle (photographie, dessin, peinture…) pour lesquels ils éprouvent un réel engouement.

Il s’agit tout juste, dans ce cas, de se conformer aux Code de la Propriété Intellectuelle (la législation en vigueur inhérente au droit d’auteur), au sujet duquel Françoise Vernaudon se charge systématiquement de toutes les formalités visant à ce que cette démarche soit toujours comprise dans un cadre bien évidemment légal.
Dans le cas des peintures ou de tapisseries très anciennes, il est à noter qu’il n’existe aucun frein à l’engouement d’un amateur, le droit d’auteur étant tombé dans le domaine public.

Pourquoi ne pas s’offrir par exemple la reproduction et l’agrandissement d’un détail plaisant?
De manière fréquente, une problématique est soulevée, à savoir : quel rapport précis le lissier entretient-il avec le créateur dont il va « reproduire » l’oeuvre ? S’agit-il d’une relation de complémentarité ? Le lissier est-il un artiste à part entière ou un artisan qui exécute l’œuvre dont d’autres lui insufflent la forme ? En d’autres termes, le lissier serait-il un simple « copiste » ?
 
Elodie Havrez, étudiante en Histoire de l’Art à l’Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand), ayant passé quelques jours au sein de l’Atelier Françoise Vernaudon en 2011, a tenté d’apporter, sur la base de son expérience et de ses nombreux échanges avec les différents acteurs de la tapisserie d’Aubusson, quelques éléments de réponse… du moins de réflexion :

« (…) Il faut savoir qu’un carton réalisé selon les critères des registres abstraits ou figuratifs, est toujours interprété par le lissier : avec fidélité, certes, mais également à la lumière de sa propre sensibilité. Lorsqu’il est question d’une collaboration directe entre le lissier et l’artiste, il revient au « tandem » d’enrichir le carton de toutes les ressources de l’art du tissage, et d’user au gré de leur inspiration et de leurs envies, de l’étendue de la liberté dont ils disposent. Mais dans tous les cas, une connaissance parfaite de la technique du métier et des matériaux (coton, laine, soie ou synthétique), permettent évidemment une réalisation optimale.
Une fois le carton terminé, les deux artistes échangent au sujet des différentes possibilités de réaliser la tapisserie. Couleurs, matières, finesse de la trame…, sont autant de choix et de matières… à rêver, à imaginer et à discuter pour les deux collaborateurs.
Nul doute qu’en matière de tapisserie d’Aubusson, l’artiste « idéal » est à la fois peintre cartonnier et lissier. Il possède les connaissances conjuguées d’un art et d’un métier, dont le résultat est un travail parfait avec une interprétation optimum. Lorsqu’il ne réunit pas toutes ces compétences, loin d’être un copiste, le lissier demeure cependant également un artiste dans la mesure où il a recours à son sens critique et à son imagination afin de procéder à des initiatives personnelles toujours qui lui permettent de s’approprier le carton et, au final, d’y apporter sa propre touche, sa propre empreinte ».
(extrait du rapport de stage « Immersion au cœur d’un Patrimoine de l’Humanité : rencontre avec la Tapisserie d’Aubusson, un art vivant », par Elodie Havrez, 2011).

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